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Les Echos « Recyclage : Carbios reçoit l’appui d’un géant thaïlandais »

« La société auvergnate, qui a mis au point une solution de biorecyclage à base d’enzymes, affiche son intention de « devenir le leader mondial du recyclage du PET d’ici à 2035 ». Le pétrochimiste Indorama va financer son usine lorraine. »

Carbios affiche ses ambitions, alors que son projet d’usine lorraine de biorecyclage de déchets plastiques de type PET (polyéthylène téréphtalate), la première du genre au monde, prend forme. A l’occasion d’un point stratégique aux investisseurs, la PME auvergnate, en pointe dans le recyclage à base d’enzymes, a annoncé mardi vouloir « devenir le leader mondial du recyclage du PET d’ici à 2035 ». A cet horizon, Carbios vise une part de marché comprise entre 8 et 12 %, un socle de 4 à 8 % étant à acquérir d’ici à 2030. En parallèle, l’entreprise compte poursuivre ses recherches dans le recyclage biologique.

 

Concession de licences

 

Pour ce faire, la société mise sur un modèle économique à faible intensité capitalistique, puisque fondé sur la concession de licences, ses clients déployant donc ses technologies avec leurs investissements industriels. Carbios cible en premier lieu les producteurs de PET et les acteurs de la chimie intéressés par une matière première recyclée, mais aussi les marques relevant de la consommation et confrontées à des exigences environnementales toujours plus fortes. En clair, Carbios veut surfer sur l’essor d’une économie circulaire. La PME mène des recherches avec Michelin, des industriels recourant au PET, ainsi que des groupes du secteur textile pour le recyclage
du polyester.

 

Carbios, qui dispose d’un démonstrateur industriel à Clermont-Ferrand – « totalement opérationnel » depuis juillet 2022 –, est désormais sur le point de changer de braquet avec la finalisation de son projet d’usine à construire à Longlaville en Meurthe-et-Moselle, pour une capacité de traitement d’environ 50.000 tonnes de PET. Son financement est depuis peu calé, avec notamment un resserrement des liens entre Carbios et son partenaire thaïlandais Indorama Ventures. Ce poids lourd de la pétrochimie (18,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires l’an dernier), qui devait initialement être un client privilégié de l’usine, s’octroie l’exclusivité de la matière première recyclée en prenant largement part au financement de sa construction. Ainsi, les deux parties ont convenu de créer une société commune portant le projet, Carbios détenant 75 % du capital, Indorama les 25 % restants. Dans ce cadre, le partenaire thaïlandais doit apporter 110 millions d’euros sous la forme de fonds propres et d’obligations non convertibles, le coût de la construction de l’usine ayant été par ailleurs revu : il est désormais estimé à environ 230 millions d’euros au lieu de 200 millions, en raison de « l’impact récent de l’inflation ». Par ailleurs, son financement doit faire l’objet d’un apport de l’Etat de 30 millions d’euros – via France 2030 – et d’un autre de la Région Grand Est de 12,5 millions, sous réserve du feu vert de la Commission européenne.

 

L’usine, qui doit être mise en service en 2025, sera notamment alimentée par un flux composé de barquettes alimentaires multicouches, obtenu à l’issue d’un appel d’offres lancé par l’éco-organisme Citeo. Carbios, qui a ainsi sécurisé une première source d’approvisionnement, mène des discussions avec d’autres parties en vue de la compléter. Indorama envisage de déployer la technologie dans d’autres sites dans le monde. D’une manière générale, Carbios compte décliner son système de licences en Europe, en Amérique du Nord, en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient et même en Afrique. L’entreprise met en exergue la possibilité de mettre en œuvre des usines d’une capacité de traitement de 20.000 tonnes par an pour les plus petites, à 200.000 tonnes par an pour les plus grandes.

 

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